Livre d'occasion format poche : 346 pages (200 g)
Editeur :
Edition :
13 février 1992
1 point
livre indisponible
ou
Les chemins noirs, René Frégni
Un homme jeune, très jeune, commet un jour sans le vouloir un acte irréparable, et dès cet instant la vie sera pour lui une longue cavale qui le mènera de Verdun à Paris, de Paris à Marseille, de Marseille en Corse ? , de Corse en Italie, d'Italie au Monténégro, du Monténégro en Turquie, de Turquie en Grèce, et enfin de Grèce à Marseille, dans l'immédiat après-Mai 68, où il découvrira en tant qu'aide-infirmier cet autre monde qu'est l'hôpital psychiatrique. Telle est donc la trame picaresque du premier roman de René Frégni qui sait de quoi il parle, longtemps familier de la route de compagnon de l'aventure, et qui surtout exprime admirablement la solitude, la détresse, l'humour et l'inébranlable volonté de survivre d'un être désormais en marge.
Commentaire de FanLivre (MR) (Pochetroqueuse - ) - 22 août 2018
Note: 4 sur 5
Roman initiatique
J'ai découvert René Frégni en lisant ‘'La fiancée des corbeaux'' qui m'a enchantée. Dans ce roman, écrit alors qu'il est retraité dans l'arrière pays provençal, il parlait souvent de sa vie tumultueuse et bien remplie. Il avait éveillé ma curiosité et j'avais décidé de lire ses autres romans autobiographiques.
Dans ‘'Les chemins noirs'', premier roman et roman initiatique, il retrace ses débuts d'aventure et donne ainsi corps à plusieurs allusions trouvées dans ‘'La fiancée des corbeaux''.
Le jeune René vit sa vie ‘'en défense''. Il ne fait que réagir aux évènements (souvent dramatiques) qui l'accablent… quand il ne les provoque pas dans l'inconscience de la jeunesse (19-20 ans).
Tout cela l'entraine, dans un premier temps, dans un drame, puis la clochardise (« C'étaient trois clochards qui dormaient l'un dans l'autre. Je les ai regardés de plus près et j'ai pensé à moi. Qui sait s'ils n'avaient pas commencé comme moi eux aussi jadis ? Entrant dans la vie comme j'étais entré ici, par une porte dérobée des ténèbres. »), ensuite une cavale rocambolesque (« Il y en avait des flopées de routes qui partaient fouiller par le monde des destins fugitifs. C'est l'instant le plus dur de choisir son chemin. Après, les tracas de la vie vous roulent au jour le jour comme les accidents du sol un ruisseau. ») ; il va rencontrer le pire (misère, bêtise, sadisme, etc…) et le meilleur (solidarité, amour, etc…).
Dans un deuxième temps, un événement imprévu et déterminant pour le reste de sa vie va le ramener dans un parcours plus standard (retour en France, logement, travail)… mais on n'échappe jamais complètement à son passé ; la marginalité lui colle aux basques !
L'écriture de cet écrivain n'est pas un français pour puristes intégristes mais souvent si poétique que je me régale en le lisant (« Dans la pénombre, j'avalai de la plage. Les vagues couvraient mes pas. C'est l'amie du fuyard, la vague. Pas de bruit, pas de trace. Sitôt passé, sitôt léché. Une mer qui veille sur chacun de vos pas. »). Et puis, quelle vie pour un jeune homme semblant très banal au départ : un enchaînement de désastres (symbolisés par le noir omniprésent et les ténèbres souvent évoquées) et un instinct de survie très puissant ! En deux ans, il en fait plus que le citoyen lambda dans une vie entière. Et ses expériences en milieu militaire et en milieu psychiatrique font froid dans le dos.
Ce roman a reçu le Prix Populiste qui récompense une oeuvre romanesque qui « préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors à condition qu'il s'en dégage une authentique humanité ». Le décerner à ce roman est un choix judicieux !
A l'autobiographie se mêle la fiction, à l'évidence. C'est ce mélange parfaitement dosé de réalité et d'invention qui rend ce roman addictif.
Si vous souhaitez découvrir cet écrivain, je vous recommande de commencer par ‘'La fiancée des corbeaux'' où l'auteur donne libre cours à sa poésie, sa sérénité d'homme en fin de parcours et ses souvenirs. Puis approfondissez ceux-ci avec ses autres romans autobiographiques.