Poche : 91 pages (59 g)
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Commentaire de FanLivre (MR) (Pochetroqueuse - ) - 27 août 2019
Note: 4 sur 5
Le dehors du dedans et le dedans du dehors
L’éditeur classe ce livre dans le genre ‘’roman’’ ; en fait, il s’agit davantage d’un journal intime.
Ce journal est paru avant le roman ‘’Ici, ça va’’ du même auteur. En cours de lecture, je me suis souvent demandé s’il ne le préfaçait pas et dans une certaine mesure n’expliquait pas le mal-être du narrateur si perceptible au début du roman.
Autant ‘’Ici, ça va’’ a été un immense coup de cœur, autant j’ai eu du mal à lire ‘’Nos cheveux blanchiront avec nos yeux’’. Il y a de très beaux passages ; mais cette suite d’épisodes d’errance, d’impressions, d’états d’âme et de scènes de la vie quotidienne m’a parue décousue car j’ai commis l’erreur de lire ce livre quasi d’une traite. Pour l’apprécier, il doit être lu petit à petit, en faisant une pause après deux ou trois passages… comme on lirait un recueil de poèmes. Car, Tomas Vinau écrit de la poésie en prose et ce journal est un recueil de poèmes en prose.
Cet auteur a du mal à vivre dans le monde d’aujourd’hui : «Peut-être que c’est ce qui me caractérise le plus. Cette distance farouche qu’il y a entre moi et les autres. Entre moi et la vie. Peut-être que c’est pareil pour tout le monde. Je me tiens à l’écart. (…) Tout ce que j’ai c’est cette distance.»
L’écriture est une sorte de thérapie : «L'écriture a été pour moi un moyen d'être compatible avec l'existence. De me concilier avec le monde. De me réconcilier. Un moyen d'avoir une prise sur lui. (…) Je crois que nous ne sommes pas faits pour vivre comme nous vivons. Je ne suis même pas sûr que nous soyons faits pour vivre tout court. Mais l'écriture, c'est comme l'amour, ça nous donne une prise valable sur tout ça.»
Et, après une suite d’errances d’Ostende à Gilbratar, la naissance de son fils va changer la donne : « Avant, je me levais plus tard bien sûr, je prenais mon temps. Je m’occupais de moi. Je n’avais pas d’enfant. A présent, je me redresse dans les éclats, les cris, les joies et la lumière. Il faut être là, tout de suite, dans le monde. Prêt à le croquer. Il faut trouver ses forces ailleurs. Et on les trouve. Et elles sont fortes ces forces-là.»
L’écriture de Thomas Vinau se déguste et vous prend aux tripes. Alors je relirai ‘’Nos cheveux blanchiront avec nos yeux’’, mais en prenant mon temps ; voire même, en intercalant d’autres livres entre chaque lecture de deux ou trois passages…